Interview
Céline Lavergnat
Bonjour Céline,
Diplômée de l’École Hôtelière de Genève, Céline Lavergnat a construit un parcours remarquable dans l’hospitalité et l’événementiel. Actuellement Directrice Nourriture & Boissons au Paléo Arts & Spectacles, elle met son expertise au service d’un événement emblématique, en conjuguant innovation, durabilité et excellence. De la gestion d’un restaurant à Genève à son rôle clé au Paléo, en passant par la collaboration avec l’EHG pour le catering VIP, Céline incarne l’ambition et la polyvalence des diplômés de l’École.
Votre parcours est remarquable, depuis la gestion d’un restaurant à Genève jusqu’à votre rôle au Paléo Festival. Quelles compétences clés acquises à l’EHG vous ont le plus aidée dans ces différentes étapes de votre carrière ?
Autant les compétences techniques liées à la restauration, telles que l’oenologie et la connaissance des vins, le service et la cuisine bien sûr, que les notions de management, promotion, comptabilité et marketing. Mais aussi et surtout les compétences interpersonnelles que l’EHG enseigne : la résilience, la détermination, la cohésion d’équipe, le leadership et l’empathie. Un-e bon-ne manager-euse ou exploitant-e doit savoir se mettre à la place de ses client-es, mais aussi de son équipe avant de prendre une décision.
Le Paléo Festival est une véritable institution. Selon vous, qu’est-ce qui le différencie des autres festivals, et qu’est-ce qui le rend si spécial ?
Son identité et celles et ceux qui l’incarnent ! Ce n’est pas une entreprise, mais une association. Ainsi, nous (l’équipe permanente) rendons compte au comité de l’association et à ses membres. Toute décision est prise dans l’intérêt : du public, des bénévoles, des artistes et des partenaires.
Il y a une recherche perpétuelle à créer une « expérience » au-delà d’une simple succession de concerts. La passion qui nous unit et les valeurs de respect et d’innovation sont le moteur qui fait tourner la machine toute l’année (eh oui… pas juste 2 mois !).

Félicitations pour votre récente A Greener Future Award! Vous avez aussi été nominé comme meilleur festival en Europe, que représente cette reconnaissance pour vous et votre équipe ?
La plus grande reconnaissance que nous avons est celle de notre public ! C’est grâce à sa mobilisation d’ailleurs que Paléo a été nominé. Nous avons par le passé déjà gagné ce prix, mais la concurrence est grande face à des grands festivals européens très connus au-delà de leurs frontières. Mais c’est aussi là notre fierté : avoir un public fidèle et ultra-local.
“Cela fait plus de vingt ans que nous nous soucions de l’environnement, alors que le terme « durabilité » faisait ses premières apparitions.”
Le festival se distingue également par ses initiatives durables. Pouvez-vous nous parler des efforts déployés pour rendre l’événement plus respectueux de l’environnement ?
C’est un défi perpétuel ! Cela fait plus de vingt ans que nous nous soucions de l’environnement, alors que le terme « durabilité » faisait ses premières apparitions. Paléo était précurseur en intégrant les gobelets consignés. Il faut savoir qu’à l’époque, c’était quelque chose qui commençait à apparaître dans les manifestations.
C’est l’association qui nous a donné pour objectif de le faire, en 2009 déjà ! Seulement aucun acteur local n’existait alors et à l’échelle de Paléo, nos besoins étaient hors normes, tout comme la vaisselle ces dernières années ! Il a donc fallu se rapprocher de la société Ecocup (re-uz désormais) basée en France et mettre sur pied une laverie éphémère installée dans nos locaux, chaque été, car les laveries industrielles telles que nous les connaissons actuellement (Ecomanif, Propre, etc.) n’existaient pas encore.
Il était inconcevable et totalement incohérent dans notre démarche d’imaginer faire repartir les gobelets sales au Boulou (siège d’Ecocup) pour les laver, cela nécessitait d’acheminer une seule quantité de gobelets pour tout le Festival, nous ôtait toute flexibilité et allait à l’encontre de la démarche environnementale, bien sûr ! Nous avons donc eu durant 15 ans une laverie éphémère sur site, avec 300 bénévoles qui se chargeaient de laver et reconditionner nos gobelets au son de la musique.
En 2024, ce concept a évolué, car désormais des entreprises locales existent et avec l’ajout de la vaisselle, les volumes devenaient trop importants pour nous. Nous avons donc collaboré avec Ecomanif à Yverdon qui se charge de laver tout ce matériel. Mais nous ne désespérons pas qu’une laverie industrielle voie le jour un peu plus près de chez nous pour réduire encore les émissions liées aux transports bien sûr !

Chaque édition du Paléo semble apporter son lot de nouveautés. Comment l’équipe parvient-elle à faire évoluer l’événement chaque année tout en restant fidèle à son identité ?
Nous incarnons les valeurs que l’Association véhicule, c’est ce qui nous permet de rester fidèles à l’identité Paléo. L’innovation fait partie intégrante de ces valeurs : chaque année, de septembre à janvier, nous consacrons toute notre énergie à rechercher des nouveautés, des créations à faire découvrir à notre public pour que l’expérience soit toujours plus stimulante.
Pour cela nous avons aussi la chance d’avoir le Village du Monde, qui a le mérite de nous faire sortir de notre zone de confort chaque année en mettant à l’honneur une région du Monde, un festival dans le Festival : musique, nourriture, boissons, animations… c’est un joli défi pour les équipes ! En 2025, nous mettons le cap sur le Maghreb !
Nous savons que l’École Hôtelière de Genève participe activement à la restauration pour la section VIP du Paléo. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration et de ce qu’elle apporte à l’expérience globale des invités ?
Premièrement, c’est une collaboration dont je suis très fière, pour l’avoir initiée ! Lorsque je suis arrivée dans l’organisation, en 2006, Paléo travaillait avec un autre traiteur, qui a cessé ses activités. Après quelques expériences malheureuses avec d’autres services, j’ai approché l’EHG qui lançait tout juste son service traiteur… et la mayonnaise a pris.
Désormais c’est vraiment un bonheur de collaborer avec l’EHG, nous faisons partie de la même famille et les retours des invité-es sont dithyrambiques, ils apprécient la qualité des mets, mais aussi (et surtout) les sourires des étudiant-es et du staff qui font le service. C’est ça qui nous réunit : le sourire, celui qu’on donne et celui qu’on reçoit !
L’attraction d’artistes de renommée internationale est un véritable défi. Pouvez-vous nous révéler comment le Paléo parvient à convaincre ces artistes de rejoindre sa scène ? Y aurait-il des exclusivités ou des annonces pour 2025 ?
Si je travaillais à la programmation, je pourrais vous le dire bien sûr ! Hélas, je suis plus calée dans la programmation des bars et des stands, avec mon équipe de choc !
Ce qui est certain c’est que c’est un travail de fin négociateur et pour lequel il faut faire preuve de beaucoup de patience. Je crois que l’adage « tout vient à point à qui sait attendre » s’applique bien à mes collègues de la prog’.
Malheureusement mes lèvres sont scellées jusqu’au 18 mars, date de l’annonce officielle de notre programmation complète, qui sera accessible en streaming live sur notre site web, donc plus que quelques dodos à attendre !
Quel a été le plus grand défi que vous avez rencontré dans votre rôle de Directrice Nourriture & Boissons, et comment l’avez-vous surmonté ?
Je n’ai pas de grand défi qui me vienne à l’esprit par rapport au Festival on dira. Par contre, celui que j’ai rencontré personnellement et que beaucoup de personnes vivent c’est le syndrome de l’imposteur ! Et je n’ai pas de remède miracle, si ce n’est la persévérance et l’expérience, qui nous mènent à accomplir parfois plus que ce dont on se penserait capable !
Quelles qualités pensez-vous qu’une personne devrait posséder pour réussir dans un rôle comme le vôtre ?
C’est compliqué d’identifier des qualités comme ça. Il est certain que par moments, il faut savoir être têtu-e et déterminé-e tout en sachant rester à l’écoute et critique envers soi-même mais aussi envers les autres… avec bienveillance, bien sûr ! Et aussi une bonne dose de patience.
Si vous pouviez donner un conseil à la jeune Céline au début de sa carrière, que lui diriez-vous ?
Crois en toi… et mets des sous de côté !